Après avoir adopté récemment le budget 2021-2022, le gouvernement a démarré, le lundi 16 mai, à la salle de conférence du ministère de l’Economie et des Finances (MEF), le processus d’élaboration du budget de l’exercice 2022-2023. Le ministère de l’Economie et des Finances (MEF) et le ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE) se lancent un défi, celui de doter le pays d’un nouveau budget dès le 1er octobre prochain, la date du début du nouvel exercice fiscal.
« Selon les dispositions de la loi du 4 mai 2021 sur les lois de finances, le processus de l’élaboration du budget de l’exercice fiscal 2022-2023 devrait être déjà en phase de finalisation. Cependant, le poids des évènements sociopolitiques et climatiques pèse lourd et empêche de suivre scrupuleusement le cycle budgétaire », a affirmé le ministre Michel Patrick Boisvert, qui accepte l’élaboration du budget 2022-2023 comme un défi à cause du retard enregistré dans le processus. « L’élaboration du budget de l’exercice 2022-2023 se fait dans un contexte marqué par la récente adoption du budget 2021-2022 à cinq mois de la fin de l’exercice fiscal, la détérioration du climat de sécurité en raison de la prolifération des gangs armés, l’accélération de l’inflation découlant de la flambée des prix sur le marché international et un ralentissement des transferts privés affectant le pouvoir d’achat des ménages », a-t-il poursuivi.
Pour limiter les impacts de la dégradation du pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables, le ministre Michel Patrick Boisvert a fait référence à l’ajustement du salaire minimum et des salaires dans la fonction publique et aussi la mise en œuvre des programmes sociaux du gouvernement d’ici la fin de l’exercice. Pour le titulaire du MEF, l’engagement pris dans le cadre du Plan de relèvement intégré de la péninsule du Sud devrait permettre de redynamiser le secteur de la construction. « Nous émettons le vœu que la situation sociopolitique et économique se stabilise au cours du reste de l’exercice fiscal en cours pour que le pays soit doté d’un budget dans le délai légal », a souhaité le ministre Michel Patrick Boisvert.
Au cours de cette séance de travail, le ministre Michel Patrick Boisvert a indiqué les orientations et les priorités du gouvernement dans le budget en cours de préparation. « Les orientations et les priorités se définissent dans six documents de référence : le Plan de rationalisation des dépenses fiscales, le Programme de relance économique post-Covid (PREPOC), le Plan de relèvement intégré de la péninsule du Sud, la Politique nationale de protection et de promotion sociale, les objectifs de développement durable, le récent programme économique et financier de référence négocié avec le Fonds monétaire international (FMI) qui sera signé dans les prochains jours », a indiqué le numéro un du MEF, soulignant que la mobilisation des recettes demeure une des priorités essentielles du gouvernement.
« Au niveau du budget 2022-2023, le cap sera mis sur la qualité et l’efficience des investissements publics. Avec les maigres ressources dont nous disposons, nous adapterons une approche pragmatique en priorisant de manière stratégique les investissements dans les infrastructures résilientes. À travers cette démarche, nous entendons réduire le décalage entre les investissements réalisés au titre d’investissement public et la croissance économique. Il y aura l’adoption des projets et non des idées-projets qui respectent les critères prévus par la loi7. Il est confirmé, lors de la dernière mission d’évaluation du Fonds monétaire internationale (FMI) sur la gestion des investissements publics, que l’efficience des investissements publics en Haïti est estimée à 5% contre environ 39% dans les pays à faibles revenus », a déclaré Michel Patrick Boisvert, précisant qu’il y a nécessité de réduire les dépenses de fonctionnement.
Quant au directeur général du ministère de la Planification et de la Coopération externe, M. Wilfrid Trenard est intervenu sur les grandes lignes du budget de l’exercice 2022-2023. « Au cours de l’exercice 2022-2023, en attendant de tabler sur la lettre de cadrage, les priorités du gouvernement s’articuleront autour des points suivants : la lutte contre l’insécurité avec le renforcement des capacités de la police nationale ; la reconstruction de la péninsule du Sud sévèrement affectée par le séisme du mois d’août 2021 ; la promotion et la protection sociale ; la poursuite des projets prioritaires en cours, la mise en œuvre des projets qui permettront de renouer avec la croissance, l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé ».