Créé par le décret du 13 mars 1987, le Ministère de l'Économie et des Finances a pour mission fondamentale de formuler et de conduire la politique économique, financière et monétaire de l'État haïtien pour favoriser la croissance ainsi que le développement socio-économique du pays sur une base durable. En clair, il assure la gestion stratégique de l'économie nationale. Et, entre autres attributions, le MEF gère la trésorerie, le budget national ainsi que les biens de l'État.
En savoir plusProjet de loi des Finances
Un budget est un outil qui prévoit et autorise les recettes et les dépenses d’un organisme pour une période donnée. En ce qui concerne l’État, le budget est l’acte qui prévoit et autorise les dépenses et les recettes des organismes publics. Il se présente sous la forme d'une loi : la loi de Finances. En d’autres termes, le budget est un acte juridique et un instrument de gestion essentiel. En tant que tel, son élaboration est fondamentale pour les raisons ci-après :
La budgétisation s’avère être un exercice difficile qui nécessite de l’engagement. La capacité d’un
pays à
réaliser les activités planifiées et à atteindre ses objectifs de croissance et de développement
dépend de
la budgétisation. Les participants à un processus de budgétisation doivent maitriser les paramètres
clés du
budget. D’où l’idée de plusieurs niveaux de discussions autour de cet outil avant le vote final.
Cela va
sans dire que, dans un pays donné, le budget est l’affaire de chacun.
Chaque composante de la société devrait au moins comprendre le processus de budgétisation, cerner
les
raisons de son importance et la façon de le contrôler. Cela est d’autant plus important dans la
mesure où le
budget national consolide les budgets de toutes les institutions publiques, une fois que ces
dernières aient
réalisé leur propre budget pour leurs propres activités.
A- Le budget est un acte juridique
Le budget est un acte juridique puisqu’il est présenté sous la couverture d’une loi : la loi de
finances.
Cette dernière n’est cependant pas une loi ordinaire : elle présente des particularités d’ordre
formel
(relatif à la forme, c’est-à-dire à la manière dont elle est constituée) et d’ordre matériel (sa
valeur de
vérité, entendue au sens de sa conformité au réel.
B- Le budget est un instrument de gestion
Le budget est l’instrument le plus important à la disposition du Gouvernement pour atteindre les
objectifs
de croissance et de développement du pays. Il reflète :
On distingue la loi de finances initiale, les lois de finances rectificatives et les lois de
règlement.
Loi de finances initiale. - Elle prévoit et autorise le programme d’actions du gouvernement,
pour un
exercice fiscal, traduit en chiffres à travers un compte appelé « Budget général ». Ce compte
regroupe
toutes les ressources et toutes les charges de l’État.
Lois de finances rectificatives. - Elles interviennent éventuellement, en cours d’exercice,
pour
modifier certaines dispositions de la Loi de Finances de l’exercice en cours. Le décret du 16
février 2005,
portant sur la préparation et l’exécution des lois de finance, traite des lois de finances
rectificative, en
ses articles 21 et 22, mais ne précise pas la quantité de lois de finance rectificatives pouvant
être
adoptées.
Loi des règlements. - Elle est un acte qui constate les résultats définitifs d’exécution de
la loi de
finances de l’exercice. Elle tient compte des Lois de Finances rectificatives qui auraient été
prises et
elle est soumise au parlement.
Le budget est structuré en deux grandes composantes :
Le budget est voté par entité administrative et par titre de dépense. L’entité administrative désigne toute institution publique faisant partie de l’administration de l’État et qui relève d’aucune autorité de tutelle. Le titre est le plus haut niveau de la classification par nature et correspond à de grandes catégories économiques de dépenses (dépenses de personnel, de biens et services, de transfert, d’investissement, etc.)
Un ensemble de sous-commissions travaillent sur le budget au niveau du MEF. Ce sont les sous-commissions de : cadrage macroéconomique, prévision des ressources et analyse des crédits budgétaires. Chaque sous-commission a des responsabilités bien définies.
Ce processus se compose de deux (2) grandes étapes :
(Ce calendrier détermine, pour chaque exercice fiscal, les phases d’élaboration, du vote et de la
publication de la loi de Finances du plus prochain exercice fiscal)
Le cycle de préparation du budget dure un an. Il commence le 15 octobre et se termine le 30
septembre de
l’année suivante.
La Constitution haïtienne amandée traite des Finances Publiques au niveau du titre VII, à travers les articles 217 à 233. Elle aborde respectivement :
Il y a tout un cadre institutionnel entourant le processus de préparation du budget. Un ensemble d’entités interviennent dans le processus et chacune a des responsabilités bien définies.
Le budget de la République d’Haïti est élaboré en ayant pour cadre : le Plan stratégique de développement d’Haïti (PSDH). À partir des priorités définies dans le PSDH, des plans triennaux d’investissement (PTI) ainsi que le Programme d’investissement public (PIP) sont élaborés. Le PSDH comprend quatre piliers :
Chaque pilier absorbe une partie du PIP pour l’année en cours
Le budget national est divisé en quatre secteurs : le secteur économique, le secteur politique, le
secteur
social et le secteur culturel.
Chaque secteur regroupe un ensemble de ministères et institutions. Ce sont :
A travers le budget, le gouvernement estime les charges et les ressources établies à partir d’une
évaluation
du rendement de chaque source de recettes compte tenu des données économiques les plus récentes. Ce
calcul
se fait dans un contexte macroéconomique où interviennent quatre éléments fondamentaux, à savoir la
situation à l’échelle internationale, les chiffres sur les recettes fiscales, l’accroissement
prévisionnel
du produit intérieur brut (PIB) et les effets des nouvelles législations fiscales.
Par exemple, à l’élaboration du budget, le gouvernement peut se référer aux prévisions de croissance
du PIB
d’Haïti réalisées par le Fonds monétaire international (FMI) ou l’Institut haïtien de statistique et
d’informatique (IHSI). Outre le PIB, d’autres indicateurs considérés dans le cadrage macroéconomique
sont,
par exemple, l’inflation, le taux de change, le prix du baril de pétrole et le déficit budgétaire.
Pour financer le budget de la République, l’État doit avoir des rentrées de fonds, lesquelles proviennent principalement de trois sources :
Recettes courantes
Au niveau des recettes courantes, il y a les recettes internes et les recettes douanières. Les
sources de
rentrées pour les recettes internes sont : les impôts sur le revenu, les droits d’accise, la taxe
sur le
chiffre d’affaires et les autres taxes.
Les recettes courantes sont collectées par la Direction générale des impôts (DGI). Les recettes
douanières
sont les taxes perçues à l’exportation ou à l’importation de marchandises. Les recettes douanières
sont
perçues par l’Administration générale des Douanes (AGD).
Les dons
En ce qui concerne les dons, ils peuvent venir sous deux formes : l’appui budgétaire et l’aide
projets.
L’appui budgétaire est un financement accordé au gouvernement, qui a la latitude de les allouer en
fonction de ses priorités. Pour l’aide au projet, il s’agit d’un financement, à travers lequel le
bailleur
finance directement un projet qui va apparaître dans le budget national. Cependant, l’argent ne
passe pas
par le trésor public.
Financement
Le financement provient sous trois formes : les tirages sur emprunt, les bons du trésor et les
autres
financements internes de projets. Les tirages sur emprunt représentent des fonds provenant des
prêts
contractés par l´État haïtien et qui sont utilisés pour financer le budget. Par exemple, les
tirages sur
emprunt liés au Petro caribe ont constitué une des principales sources de financement du budget de
la
République de 2007 à 2016. En ce qui concerne les bons du Trésor, ce sont des titres émis par
l’État qui
permettent à un particulier de placer son argent dans un compte du trésor et de bénéficier d’un
intérêt
sur ce dépôt. L'acheteur d'un bon du Trésor se retrouve donc en position de créancier de l'État.
L'État
s'engage alors à rembourser l'acheteur à une échéance déterminée, et avant à cette échéance, à lui
verser
régulièrement des intérêts.
Au niveau de la structure des recettes de l’État, les recettes internes (collectées par la DGI)
représentent
généralement la principale source de rentrées de fonds pour financer le budget. Elles oscillent en
effet
autour de 50 % dans les budgets pour les exercices fiscaux 2015-2016 et 2016-2017. Les dons arrivent
en
deuxième position. Les recettes douanières et le financement tournent en général à un niveau proche
des 15
%.
Il est important de s’intéresser à la source des crédits budgétaires, car cela permet de mesurer le
degré de
dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur. Depuis trois ans, les ressources externes représentent
entre 25
% et 40 % du budget national. Par conséquent, la majeure partie des ressources mobilisées pour
financer le
budget provient des ressources internes.
Les dépenses de l’État sont réparties en dépenses courantes et en dépenses de capital. Les dépenses courantes, nécessaires pour maintenir l’appareil administratif de l’État au quotidien, sont les salaires des fonctionnaires publics (nommés et contractuels), les frais pour le fonctionnement des administrations, les transferts et subventions et les intérêts de la dette. Tandis que les dépenses en capital concernent les investissements publics à travers les programmes et projets, les immobilisations et l’amortissement de la dette publique : ce sont des dépenses qui peuvent avoir un impact sur le long terme.